Souvenirs deSidi Bel Abbès
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La rue Borysthène, perpendiculaire à la Calle del Sol, filant vers le sud, était interrompue, au bout de 200 mètres environ, par des jardins de maraîchers C’était la partie la plus méridionale de la ville.
Il y avait, dans cette rue, pas moins de cinq chevriers, installés là. Nous les connaissions tous sous le nom espagnol de « cabreros ».
C’était les familles Gallardo, Giménez, Rodríguez et Pérez. Ils exerçaient déjà d’ailleurs ce métier en Espagne.
Tous faisaient partie d’une vague d’émigrants plus récente. . En effet, leur arrivée chez nous datait seulement de 1927.
Ils étaient originaires d’un petit village « El Pozo de los Frailes » situé entre Cabo de Gata et Nijar, dans la province d’ Almería, Andalousie orientale.
On parlait d’eux en utilisant leur prénom suivi du qualificatif « el cabrero ».
Le premier arrivé chez nous fut « Antonio el cabrero », Mr Gallardo.
Il avait le même âge que mes grands-parents ; de taille moyenne, il passait souvent devant chez moi, revenant de la ville, coiffé du chapeau andalou, portant de belles bacantes, un gilet espagnol sous la veste. Il était toujours muni de la traditionnelle canne, « la gayata » [ la gayá]. C’est lui qui vint en éclaireur chez nous, préparant ainsi le terrain pour l’arrivée future de tous les autres
Ils avaient des enfants âgés de 13  à 18 ans. Par le mariage d’un Gimenez avec une Gallardo, d’un Rodriguez avec une Gimenez, ils constituèrent bien vite une grande famille unie et très soudée.
La progéniture de ces derniers constitua bien vite l’essentiel de nos camarades de jeux et nous parlions exclusivement avec eux la langue de Cervantès.Très vite scolarisés, la langue française n’eut plus de grands secrets pour eux et certains fréquentèrent, comme nous, le collège Leclerc.
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Manuel Rodriguez : les chevriers du faubourg Négrier 1/5